110 agents psychosociaux formés et outillés : place aux actions de terrain
Dans un contexte marqué par des crises récurrentes et leurs multiples conséquences (physiques, psychologiques, etc.) au sein des communautés, renforcer les capacités locales devient une priorité. Les communautés de l’Est de la République Démocratique du Congo font face à des traumatismes profonds, souvent invisibles, qui affectent durablement la vie des personnes déplacées internes, des retournés et des familles hôtes.
Pour répondre à ces défis, 110 agents psychosociaux (APS) – dont 91 femmes et 19 hommes – ont été formés et outillés afin d’apporter un soutien adapté aux survivantes de violences basées sur le genre (VBG) et aux personnes traumatisées. Parmi eux, 60 APS dans la zone de santé de Rutshuru (Kakomero, Rugari, Katale, Biruma, Rubare et Murambi), 25 dans la zone de Nyiragongo (Kasizi et Rusayo) et 25 dans la zone de Kirotshe (Sake Afia, Kimoka et Mitumbala). Cette initiative, financée par le Fonds Humanitaire en RDC et mise en œuvre par MIDEFEHOPS en consortium avec AVSI et SYOPADI, s’inscrit dans le cadre du projet PAMOJA TUTAWEZA.
Une formation pour renforcer les compétences
La formation, qui s’est étalée sur quatre jours, a permis aux APS de consolider leurs connaissances et d’acquérir de nouvelles compétences. Ils ont approfondi la compréhension des violences basées sur le genre, la gestion des cas de VBG, l’utilisation des outils pratiques d’accompagnement psychosocial, ainsi que les notions clés de counseling psychologique et d’écoute active. L’accent a été mis sur une approche centrée sur la personne survivante, dans le respect de sa dignité, de la confidentialité, de ses choix et de son rythme.
Les APS, relais de proximité dans les communautés
Les agents psychosociaux formés deviennent désormais des acteurs de proximité incontournables. Leur rôle consiste à identifier rapidement les cas de détresse, à assurer une écoute bienveillante, à orienter les survivantes vers les services adaptés, mais aussi à soutenir les familles dans la gestion des traumatismes. Leur présence contribue également à prévenir la stigmatisation et à promouvoir une solidarité communautaire essentielle dans les zones affectées par les conflits.
Un pas décisif vers la reconstruction sociale
Grâce à ce renforcement, les APS disposent d’une confiance accrue, d’outils pratiques et d’une meilleure compréhension de l’importance de l’autosoin pour éviter l’épuisement. Les résultats attendus sont significatifs : un meilleur accès à l’accompagnement psychosocial, une diminution des risques de rechute psychologique, une meilleure documentation des cas, et surtout une résilience communautaire renforcée. Les survivantes bénéficieront d’un soutien plus proche, plus humain et plus constant.
Le déploiement de ces 110 agents psychosociaux dans les zones de santé de Rutshuru, Nyiragongo et Kirotshe constitue une avancée majeure pour l’accompagnement des populations affectées par les conflits, où les traumatismes sont profonds, silencieux… et trop souvent ignorés. Dans cette région marquée par des années de violences armées, où les besoins dépassent largement les secours matériels, ces APS deviennent une source d’espoir et de résilience, capables d’apporter un soutien attentif et durable dans des contextes où la santé mentale reste un enjeu majeur.
Un appel à la solidarité
Le projet PAMOJA TUTAWEZA démontre qu’investir dans les capacités locales est une stratégie efficace pour bâtir des réponses durables face aux crises. Mais les besoins demeurent immenses. La poursuite du soutien des partenaires et des bailleurs est essentielle pour consolider ces acquis et offrir à davantage de survivantes et de familles traumatisées une chance réelle de se reconstruire dignement.
Dans un contexte humanitaire complexe comme celui de l’Est de la RDC, chaque engagement compte. Chaque action en faveur de la reconstruction, de la santé mentale ou de la prise en charge contribue à redonner aux communautés espoir, dignité et avenir.